Cole, ah Cole, il fut mon coéquipier pendant trois jours, seulement trois jours, après il se volatilisa, comme ça, pouf ! Je le trouvais sympa, il était sociable et puis ça m'amusais que Tony dise que c'était mon chéri tout ça parce que j'avais dit que je voulais qu'il soit avec moi pour l'enquête. A vrai dire, Tony, ne disait pas ça juste pour rire, au fond, il avait peut être raison, et puis j'en sais rien. Si je n'aimais pas Cole, pourquoi je chercherais à le revoir ? Pourquoi je passerais des nuits blanches dans des bars insalubres de Washington ? Toit ça pour quelqu'un que je n'ai vu en tout et pour tout trois jours.

Cela fait deux mois que je suis à sa recherche et je dois dire qu'il est très doué pour se cacher. Pas une trace ! Mais tout le monde fait des erreurs, et puis la base de données du NCIS m'a bien aidé à le retrouver. J'ai demandé aussi l'aide d'Abby, qui m'a d'ailleurs dit "Oh Amanda, tu sais bien que tu peux tout me dire : alors tu l'aimes ?". Je lui est sortie un monologue interminable sur les pour et les contres. Je crois que je l'aime, ou pas ? Oh et puis merde, on verra bien ce qui se passera quand je lui parlerais.

Je suis actuellement en route pour la banlieue de Washington, je suis à 99% sure qu'il est dans un petit immeuble de la banlieue. Je l'ai vue sortir et entrer. Je suis un peu anxieuse à l'idée de le voir, et s'il était un tueur à gage ou un truc dans le genre, de toute façon j'ai mon arme. Et puis si s'en était un, il ne nous aurait pas donné le coupable avec les aveux. Enfin, nous ne sommes pas sur de ça, mais moi je suis persuadé que c'est lui, même si je suis bien la seule. Même ma mère me croit pas, sans doute que Gibbs lui a dit un truc du genre "tu sais Amanda pense que ..." et elle l'a crut, enfin elle croirait n'importe quoi du moment que ça vient de lui.

Je sort du taxi et je me dirige vers la porte d'entrée de l'immeuble, mince un digicode. Bon, je tente un truc.

"Bonjour, excusé moi je suis la voisine du cinquième, j'ai oublié le code, je viens tout juste d'arriver, pourriez vous m'ouvrir s'il vous plait ?"

Ça a marché, je dois dire que je pensais attendre que quelqu'un passe assise par terre. Je rentre et prends directement les escaliers, j'ai horreur des ascenseurs. C'est une phobie, et puis ça m'arrange bien parce que je ne peux pas assister aux petites réunions que donne Gibbs dans l'ascenseur. C'est comme un second bureau pour lui, c'est fou ça !

Je monte en vitesse jusqu'au cinquième étage, appartement n°5. Je sonne, en attendant je remets mes cheveux en place, vite fait, j'suis pas du genre à passer trois heures dans la salle de bain, dix minutes c'est assez. Je fais un sourire XXL, genre "je suis mignonne tu peux rien me faire" et voilà, j'attends ....

Concierge - Bonjour monsieur Matthews, comment allez vous ?
Cole - Très bien madame Fairfax, et vous-mêmes ?
Concierge - Bien, comme une journée parmi tant d'autres !

Sourit la sextagénaire en laissant Cole reprendre son chemin. C'était la fin de l'après-midi et notre cher Caméléon regagnait la simplicité de son appartement. Franchissant les quelques rangées d'escaliers le menant jusqu'à son cinquième étage, c'est d'un tour de main habituel, d'un geste mécanique, qu'il franchit la porte d'entrée avant de mettre le verrou de sécurité en place.

Une semaine et demi. Tel était le laps de temps depuis lequel il avait regagné la ville de Washington. Précédément, il y avait séjourné quelques jours il y a deux mois de cela, avant de boucler une enquête et de fuir des agents du Centre qui se voulaient constamment à ses trousses. Comme à l'accoutumée, et pour plus de sécurité, il avait pris soin de quitter la capitale américaine quelques temps, histoire de brouiller les pistes et de laisser ses poursuivants s'emmêler les pinceaux, encore et encore ! Question d'habitude... Puis, soyons honnête, cela était un véritable jeu d'enfant pour Cole !

Devenu Matthews depuis qu'il était arrivé ici, il travaillait actuellement sur une affaire de disparition frappant une famille de banlieue de Washington. L'affaire en question ? Une fillette de cinq ans qui avait disparu durant une journée de shopping avec ses parents. Une histoire, comme tant d'autres, qui se voulait touchante pour le jeune homme. Le fait de ne pas avoir connu sa véritable famille jouait certainement sur le fait qu'il se voulait aussi sensible par rapport à ce genre d'enquête. Vous l'aurez donc compris, Cole Matthews était devenu un agent de sécurité du centre commercial où la fillette avait disparu, persuadé de la culpabilité d'un autre garde à la vie et à l'éthique on ne peut plus douteuse.

S'offrant le luxe d'une douche et d'un bon plat réchauffé au micro-onde, Cole finit par prendre place sur son lit, face à son petit lecteur de DVD. Programme du jour ? L'une de ses anciennes simulations où l'adolescent de ces années passées devait résoudre une enquête concernant un pédophile que rien, ni personne, n'arrivait à incriminer. Un lien avec son enquête actuelle ? Ce n'était pas impossible, bien au contraire même ! Un document qu'il regarda avec calme et attention jusqu'au moment où la sonnette de l'entrée retentit. Déposant soigneusement son plat de pâtes sur le lit, il se releva alors et se rendit jusqu'à ladite porte où une étrange surprise l'attendit !

Cole - Amanda...?

Il haussa un sourcil, étonné. Comme bon nombre des personnes qu'il rencontrait durant ses investigations, il n'oubliait que très rarement un visage et, visiblement, celui d'Amanda était encore frais dans son esprit. Mais qu'est-ce qu'une agent du NCIS pouvait bien faire chez lui ?

Cole - Que puis-je pour toi ?

Il ouvrit la porte, quelques secondes plus tard, mon sourire s’effaça quand il me demanda ce qu’il pouvait pour moi. Je mis mes mains sur mes tempes et entra dans l’appartement à toute vitesse, telle une furie. Je lui répondit très vite.

Pourquoi es-tu parti ? Pourquoi n’as tu rien dit ? Et surtout qui es-tu ?

Je vis le plat de pattes sur son lit et j’ajouta :

Et aussi, pourquoi manges-tu ces horreurs ? dit-je en montrant le plat du doigt.

Je suis un peu une dingue de la nourriture saine, je déteste les hamburgers et autres « spécialités » américaines. Bon, chez moi aussi il y a des trucs gras et bizarre, le Jelly par exemple, c’est très bon, mais pour quiconque n’en a jamais mangé, il trouve ça bizarre. C’est vrai, c’est gluant, vert et on croirait ce que mange les astronautes en expédition. En fait je suis plus salade tomates & co. Attention, ce n’est pas pour autant que je mange que ça, j’adore aussi les desserts. J’adore la tarte aux citrons, c’est mon pêché mignon. Bon, on n’est pas là pour parler chiffons.

Je lui avait posé toutes ces questions car je voulais des réponses. Qu’il essaye pas de me baratiner, ça ne fonctionne pas avec moi, surtout que je sais voir les expressions, Cal Lightman dirait que je suis une naturelle, c’est un don chez moi, voir les micros expressions. Bon parfois c’est sur c’est énervant, parce qu’on peut pas nous mentir.

Les interrogations d'Amanda n'étaient qu'une conséquences d'une vie comme celle que pouvait mener Cole. Lorsque nous avons une vie qui ne se base que sur de fausses identités, sur des secrets et des silences parfois lourds de conséquences, nous ne pouvons faire face qu'à des questionnements se répétant de manière inlassable. Une des raisons principales pour lesquelles Cole évitait toutes formes d'attachement. L'attachement signifiait se livrer tel que l'on était à une autre personne, lui accorder notre confiance mais également accepter de partager une partie de notre passé et de notre histoire. Un fait éventuellement envisageable si l'existence de Cole n'était pas lié à une traque dangereuse et haletante, derrière laquelle toute personne proche de lui ne pourrait connaître qu'une issue dangereuse, voire même brutale ou plus violente encore !

Cole - Je t'en prie, fais comme chez toi...

Il la laissa exprimer ses questions tout en laissant tomber légèrement ses épaules. Sa première question à lui était de savoir pourquoi ? Pourquoi avait-elle voulu le retrouver ? Pourquoi avait-elle eu besoin de réponses avec autant de hargne et de conviction ? Certes, ils avaient collaboré deux trois jours ensemble, il l'avait trouvé sympathique et s'était conduit de manière aimable envers elle. Mais, le tout, en prenant soin de ne pas éveiller d'intérêt ou d'attention particulière. Alors pourquoi ? Il allait devoir faire face à une curiosité malsaine et il n'appréciait pas trop ce genre de situation, cela le mettait mal à l'aise !

Cole - Car derrière leur aspect rebuttant, ses pâtes sont excellentes !

Rétorqua-t-il en avançant vers sa chambre afin de fermer la porte de cette dernière. Un peu de curiosité, d'accord... Mais, violer son intimité, ça, il en était hors de question !

Cole - Je suis parti parce que je le devais, tout simplement. Quand à ce que je suis, je m'appelle Cole et tu n'as pas besoin d'en savoir plus !

Reprit-il de plus belle en venant faire face à Amanda, posant ses mains sur ses hanches en gardant une certaine distance entre eux. Si elle voulait décéler du mensonge sur son visage ? Aucune chance ! Il était mystérieux mais sincère à la fois, ce qui ne pouvait laisser que d'avantage de questions en suspend bien évidemment !

Cole - J'en déduis que vous l'avez appréhendé si tu m'as retrouvé ?